Le retour...

Alors que l'aube perçait et que la rosée matinale recouvrait l'herbe de la cour ; alors qu'aucun bruit a part les cuicuis des oiseaux ne venait troubler le spectacle paisible de la tour encore endormie, une silhouette massive et sombre vint s'écraser face contre terre sur le sol. On aurait pu croire un ange tombé du ciel, s'il ne portait pas un costume aussi miteux et s'il ne poussait pas autant de jurons - étouffé par le sable qu'il mâchait.

Finalement il se releva en chancelant, et épousseta son costume ; enlevant au passage les feuilles, ronces, et autres sangsues accrochées a lui. Il regarda la tour devant lui, plutôt fier de lui.

Se frayer un chemin dans la forêt marécageuse n'avait pas été facile. Surtout la nuit, que toutes les bêtes sauvages étaient en chasse. Mais ce n'était rien a côté des pièges autour de la clôture. Et encore moins que la clôture électrifiée elle-même. Mais il avait triomphé. Après tout, la justice triomphe toujours !

Enfin, sauf la dernière fois où il avait essayé d'entrer ici. Il faut dire qu'il n'avait pas été très fin. La manière forte n'avait pas marché. Il faut dire que cette Clarisse savait si prendre avec les tubes de fer. Peu importe. Cette fois ci il réussirait. En s'introduisant en douce, il arriverait bien à rassembler des preuves suffisantes pour traduire ces immondes personnages en justice.

Car tel était son but : définitivement fermer ce lieu de décadence et de perdition. Sauver les pauvres innocents prisonniers de ces terribles tortionnaires.

Mais ce n'était pas fini. Il fallait a présent entrer...Pourvu qu'il ne soit pas repéré...A moins qu'il n'interroge quelques uns de ces pauvres prisonniers. En tout cas, il n'allait pas abandonner maintenant...

Dans la voiture, les types en noir étaient pas très causants et ne l'emmenaient manifestement pas à un poste de police. Cherchant à en savoir un peu plus, Bob demanda tout naturellement :

«Euh, on va où?
-...
-Hey!
-...
-ok...»

Prennant une inspiration, il commança à chanter fort et faux caramel dansen et à voir dans le rétro, il sentait naître de petite flammes derrière les lunettes de soleil. Voyant que ce n'était pas suffisant, il commença à chanter encore plus faux supergirl, mais il n'eut même pas le temps de durer vingt seconde qu'on lu hurla de la fermer.

«Si je te dis où on va, tu te la fermes?
-J'arrête de chanter!
-hum, ça ira... On va... À la tour!
-La tour? Comme Cendrillon?
-...
-Quoi?»

Le reste du voyage se passa en silence. C'était pas vraiment suffisant comme information pour Bob, mais il n'avait pas d'autre choix que de s'en contenter. Il fut amené donc à l'établissement qui se dressait tel un phallus triomphant (dédicace à Anaël et SM). On le jetta à moitié dans la cour, visiblement ces gars étaient pressés de se débarasser de lui, il les comprenait dans un sens vu ce qu'il leur avait chanté... Ils reçurent un coup de téléphone et s'en allèrent encore plus rapidement qu'il étaient arrivés!

Regardant un peu autour de lui, cherchant quelqu'un, il trouva un type qui devait avoir un passé d'hippie à voir les quelques vestiges de la nature qu'il avait apporté avec lui... La pensée le fit sourire, mais il le réprima bien vite pour ne pas avoir l'air de se moquer de l'autre. Il arriva rapidement au niveau de l'homme auquel il adressa la parole :

«Euh, salut, moi c'est Bob,» commenca-t-il en évitant de placer sa remarque habituelle que peu comprenaient, «on est où ici? Les types étaient pas très bavards et un petit "briefing" ne serait pas de trop...»

Il avait bien compris qu'il n'était pas dans un endroit comme les autres et que ses pensionnaires devaient être spéciaux : après tout c'était en voyant ses yeux qu'ils l'avaient emmené!

Dormir confortablement dans son lit, c'était si ... désagréable ? Gabrielle se tortilla dans son sommeil pour trouver une position plus agréable sur le coté mais rien à faire, son matelas était bien trop dur et caillouteux pour se reposer comme il fallait dessus... Caillouteux ?
Tenant tout contre elle sa peluche elle ouvrit un œil, s'aperçut qu'elle tenait aussi une batte a clou, et quand elle ouvrit l'autre ce ne fut pas sa chambre de gamine qu'elle vit mais une sort de cours à la verticale. Quoi qu'en s'appuyant sur ses bras pour se redresser la jeune fille vit que celle-ci était parfaitement horizontal. D'un air endormit Gabrielle pencha plusieurs fois la tête d'un coté puis de l'autre pour examiner la tour floue qui se tenait devant elle.

Le fait qu'elle soit transportée à peine quelques minutes auparavant par des brutes sans délicatesse ne l'avait même pas réveillé, elle dormait toujours comme une souche. Même un ouragan ne la réveillerait pas. La jeune fille finit par se mettre à genoux et examiner autour d'elle avec sa bouille encore fatiguée et ses cheveux désordonnés et quelque peu terreux. Résultat elle n'était même pas seule dans cette cours, deux autres personnes s'y trouvait, ou peut être trois ou quatre, elle ne voyait pas grand chose sans ses lunettes.

Toujours assise par terre, elle fouilla ses poches sans trouver ses lunettes, celles-ci étaient en fait à quelques centimètres d'elle. Mais quand on est doué d'une vue identique à celle d'une taupe dur de les trouver.
Elle tapota sur le sol mais sa recherche ne fut pas pour autant récompensée.

"Vous n'auriez pas vu mes lunettes ?"

Gabrielle s'adressait d'une petite voix aux personnes qui se trouvaient là mais elle n'arrivait pas à savoir si elles étaient proches ou non et donc si elles l'avaient entendu.

Visiblement, le type était pas trop causant, sans doute du à son passé d'homme des bois où on ne parle pas beaucoup... Essayez donc d'appâter un lapin avec des «petit petit petit», vous comprendrez! Bob allait parler à nouveau, mais quelqu'un derrière le devanca. N'ayant vu personne d'autre quand il était arrivé Bob sursauta en poussant un "ah!" de peur, oui il était très brave comme garçon quand il le fallait, mais que quand il le fallait...

*Qui ose me faire peur comme ça?*

Se retournant avec autant de molesse qu'une figurine de plastique passée au micro-ondes, il inclina la tête en arrière pour pouvoir voir un peu plus loin la personne concernée... C'était une gamine blonde qui semblait perdue et qui cherchait désespérément quelque chose à terre. Son élan de courage lui avait empêché d'écouter ce qu'avait dit la blonde, mais à voir les lunettes à terre il supposa que c'était ça que la taupe cherchait. Poussant un soupir il alla prendre les dites lunettes pour les mettre dans les mains de la gamine en se contentant d'ajouter un simple commentaire :

«Tiens, tes yeux...»

Vengeance accomplie!

Gabrielle vit une masse informe s'approcher d'elle et lui rendre ces lunettes. Elle fit la moue en récupérant ses "yeux" comme le disait si bien le jeune homme qu'elle arrivait maintenant à distinguer parfaitement quand elle les remit sur son nez.

"Merci."

Sa voix avait été presque inaudible se sentant soudainement mal à l'aise assise comme ça par terre devant le garçon qui venait de l'aider à retrouver ses lunettes.
Elle se releva doucement, Tenant dans un bras sa peluche et dans son autre main la batte. Elle avait du mal à savoir pourquoi elle avait un tel objet sur elle. Elle posa l'arme et se débarrassa de la poussière sur ses vêtements en tapant du plat de la main dessus. Quand elle eut finit elle leva son regard couleur chocolat vers le jeune homme au bob.

"Où sommes nous ?"

Elle n'avait jamais vu un endroit comme celui-ci auparavant et surtout cette tour, elle aurait pu l'apercevoir si elle avait été proche de chez elle, mais ce n'était pas le cas et ça l'inquiétait.